violaimelesmots, le blog qui aime les mots

J'insère la clé mais la porte d'entrée est déjà ouverte.

- Coucou Mamie, c'est moi !

- Monte, ma chérie.

Il n'y a pas de courrier dans la boîte aux lettres et la maison est baignée de lumière chaude. Une délicieuse odeur de riz à l'espagnole embaume la petite cuisine. Image familière de ma grand-mère aux fourneaux. Dehors un bruit incessant de ballon mal gonflé que l'on envoie d'un coup de pied en haut de la rue, qui redescend en roulant, rencontre de nouveau le pied de son assaillant et repart. Je regarde par la fenêtre et observe le petit garçon qui joue au ballon tout seul.

- Va me chercher de l'eau à la fontaine et dis à René de monter, on va se mettre à table.

Comme si c'était tout à fait naturel, je prends le seau à côté de l'évier et redescends le remplir à la fontaine qui se trouve en bas de chez nous. Je dois préciser que je n'ai jamais vu cette fontaine en état de marche, l'eau courante ayant été installée bien avant ma naissance. Bref, ayant effectué ma besogne, j'appelle René, qui se trouve être mon cher papa, et lui dis de monter car nous allons passer à table. Vous avez du mal à me suivre ? C'est normal, vous êtes dans mon rêve. J'ai du mal à comprendre moi-même. J'observe le petit garçon. J'en profite, je ne l'ai vu qu'en photo à cet âge. Je reconnais bien mon père ; un visage rond mangé par de grands yeux marron qui semblent avoir été maquillés tant les cils sont longs et noirs. Si mes calculs sont bons, nous devons être un été quelque part au milieu des années 50 ; mon père a une dizaine d'années et vu la façon dont il est habillé c'est l'été à Banyuls. Je ne me fie pas à la chaleur car je ne la sens pas, bizarre mes autres sens ont l'air de fonctionner.

Pour être sûre, je m'approche de l'almanach des PTT accroché par un clou sur le mur de la cuisine. Entre deux colonnes de mois et les noms des saints, se trouve la photo d'un adorable chiot habillé d'un tricot rouge et de chaque côté de la photo, l'année 1956. 1956 ! L'année inscrite au dos de la photo que j'avais entre les mains ce matin. C'est donc bien l'année des 10 ans de mon père, et de ceux de ma mère également. J'en déduis que ma mère doit être dans le coin aussi puisqu'elle passait ses étés à Banyuls. Je meurs d'envie de voir de quoi elle a l'air !

A suivre...

Photo : http://amisdebanyuls.canalblog.com/

I insert the key but the front door has already been opened.

'Hi, grandma, it's me !'

'Come up honey'

There is no mail in the letterbox and the house is flooded with a warm light. A delicious smell of Spanish cooked rice perfumed the air of the small kitchen. This a familiar image of my grandmother cooking. We can hear coming from the outside the continuous noise of a deflate ball kicked up to the top of the road, which then rolls down and is kicked up again and again. I look at the window and I can see a little boy playing with the ball on his own.

'Go fetch some water to the fountain and tell Rene to come back, we'll have lunch.'

As if it is quite normal, I take the bucket next to the sink and go down to the fountain, which is next to the house, to fill it. I have to precise that I have never seen this fountain in working order, running water having been installed well before I was born. In short, my task being done I call René, who happens to be my father, and tell him to go back home because we are having lunch. Are you confused ? That's normal, you are in my dream. I'm quite upset too. I observe the little boy. I take the opportunity because I have never seen him at that age except in picture – obviously ! His features are quite the same ; his face is round with huge brown eyes whose eyelashes are so long and black that they seem to have been made up. If my calculations are good, it must be summertime around the mid fifties ; my father looks like he is about ten and if you look at the way he is dressed, it must be hot. I don't rely on the heat ; I don't feel it, which is weird because my other senses seem to work. To be completely sure, I get closer to the Post Office calendar which hangs on a nail on the kitchen wall. Between two columns of months and the names of the saints is the picture of an adorable puppy dressed up with a red cardigan, and on each side of the picture is written 1956. 1956 ! That's the year which was written on the back of the photograph I had in my hand this morning ! This confirms that my father was 10 and so did my mother. I deduce that my mother must be around since she used to spend her summer vacations in Banyuls. I'm excited to see what she looked like at time !

To be continued...